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NOTRE RHÔNE

Ici, le Rhône langoureux

Épouse sa vallée.

Son lit est amoureux,

Ses berges énamourées.

Là, il respire puissant,

Mâle, profanateur,

Il impose son rang,

Fleuve dominateur.

Ailleurs, il subit l’homme

Et sa pâle raison,

Perd son Cœur, se gomme

Entre rives prisons.

Puis, souverain seigneur

Lui rappelle sa loi

En des combats vainqueurs,

En ses puissants ébats.

Monarque en ses pays

Il façonne nos terres,

Fait l’amour à l’envie,

Géniteur de lumières.

Ô ! Rhône ! Qui nous emporte

Vers tes immensités,

Ouvres pour nous les portes

De tes intimités,

De ta source lointaine

Aux glaces immaculées,

À la sauvage plaine

Où tu vas féconder

Ce delta de Provence,

Ta Méditerranée,

Nos propres espérances

À tes courants, mêlées

Aux confins de ta vie,

Oui ! Maître en ton acmé

Lors tu t’offres à son lit

De sensualité,

Tous, tu nous ensorcelles,

Nous enlèves, conquis,

Vers cette amante, belle,

Femelle, et qui jouit

Quand tu mêles ton flot

À ses vagues dentelles

Et ses vents cardinaux,

Quand tu te perds en Elle.

Ô ! Rhône impétueux,

Nous qui t’oublions tant

À fréquenter tes cieux

Bien trop aveuglément,

Négligeant de goûter

Tes âmes riveraines,

Toujours trop occupés

À de quelconques peines,

Ou… Nos regards lassés

D’éclisses souveraines,

D’émouvantes beautés,

De confidences vaines,

Tu sais nous réveiller,

Secouer nos torpeurs,

Rafraîchir ces saveurs

Par toi seul révélées

À nos êtres intérieurs

Qui goûtent tes clartés

En leurs tendres langueurs,

Et tes échauffourées,

Lors, sur nos esquifs

Nous caressons tes eaux,

Capitaines attentifs

Ou heureux matelots.

Ah ! Si tu étais femme !

Nous serions tes amants

En si galantes flammes

Pour tes enlacements.

Mais, c’est en mâle Ami

Que tu nous accompagnes,

Ivre de nos folies,

Et nous… De tes compagnes,

Campagnes et Muses Épanouies,

Qui font l’Amour à nos Envies.