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AUX RIVES DE MES MOTS…

AUX RIVES DE MES MOTS…

 

 

Ils ont navigué d’une émotion à l’autre, goûté à la passion, aux griseries aiguës d’une âme en séduction, mordu dans le fantasme… Ils ont souffert pour moi, m’entraînant à leurs suites, exulté sans limites, caressé mes espoirs les plus doux, les plus fous… Ils se sont imposés sans que je les invite.

 

Ils sont mes mots, compagnons de fortune ou de désillusions, de bonheur sans nuage ou d’orages de peine. Ils ont su me soigner de ces blessures qui saignent en intimes douleurs, de trop aimer comme d’aimer trop peu, de l’abandon d’un sortilège, d’une voix qui s’éteint, d’un regard qui oublie, ecchymoses cruelles. Ils ont traduit mon cœur en tableaux de phonèmes opaques ou colorés parés de leurs broderies d’or, d’enluminures d’esprit aux contrastes mouvants. Avec eux, j’ai vibré dans l’azur, j’ai vogué sur l’envie, puis je me suis noyé en une mer meurtrie lorsqu’ils m’ont délaissé à l’horizon d’un drame. Ils sont ma flamme et mon désert glacé, ne tiennent pas en place. Pour un oui, pour un non, espiègles ou émus, frivoles garnements, solennels censeurs, ils fleurissent, spontanés en mon jardin secret, et offrent à mon être leurs plus troublants bouquets.

 

Hier, ils me choyaient, tant ! Trop peut-être ? Et j’étais enivré de leurs seules parades. Mes sentiments diffus courtisaient leur aisance pour s’exprimer plus haut, avec plus de prestance, chaque brin de leurs phrases était une romance, à ma vie, à ma chance de les avoir ainsi compères de partages. Leurs seuls souffles, recueillis sur un humble feuillet, enlaçaient toutes mes espérances, et de mon âme, et de mon cœur, mais encore celles de ce royaume au sang ardent qu’est mon corps incarné.

 

Ai-je grandi, quittant la chrysalide de l’enfance ou de l’indifférence, celle plus festonnée de mon adolescence ? Aurais-je découvert une porte oubliée de mon humanité ? Je ne sais que répondre ! Mais aujourd’hui, et à eux seuls, ces mots complices de mes heures ne me suffisent plus pour asseoir mon bonheur. D’eux, je sollicite encore, peut-être d’avantage, pour bien accompagner mon corps qui prend de l’âge, leurs félicités pleines de connivences, jusqu’à leurs apogées, pour que jouissent aussi, tous sens déployés, mon être tout entier en leurs fêtes galantes m’offrant des destinées aux conquêtes amantes.

 

J’étais cet orphelin qui ignorait son mal, voici que mon présent, qui caresse demain, sollicite un peu plus que cet unique souverain qu’est le langage seul, que cette poésie qui courtise cet art que possèdent les mots aux consonances rares, évocateurs zélés, délicats entrelacs de subtiles nuances, diplomates puissants, soupirants emportés, ou timides loueurs riches de sentiment, qu’importent alors leurs consistances vaines s’ils demeurent, et eux seuls amants des circonstances et des clémences d’un destin privé d’un absolu autrement souverain, où chairs et esprits se mêlent en leurs faims, s’il leur manque encore, la vie qui gronde en mes vaisseaux, en mon sang bouillonnant sous l’émoi de ma peau.

 

Pourtant… Souvent ils trépignent, parfois ils se résignent, mais jamais ne se cloîtrent en d’austères aphasies, et du sel de leurs peurs, de leurs courages aussi, ils élèvent cet homme qui adule leur vie, et tant à eux se donne. Compagnons de fortunes ou de désillusions, de bonheurs sans nuages où d’orages de peines, ils surent me soigner de ces blessures anciennes, et me soignent encore lorsque mon cœur s’enrhume ; alors, quand tout mon Être saigne prisonnier en ses brumes, ils jappent à la lune mes intimes combats qui épousent ma plume… Et qu’une feuille boit.



26/05/2023
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