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PETIT MATIN D'AUTOMNE

PETIT MATIN D’AUTOMNE

 

Un parc anglais s’éveille ! S’y dissipe une brume à la bien triste humeur. Ce nouveau jour qui naît la chasse fermement, mais avec bonhomie ; elle le sait, et le sent comme je l'épprouve moi au creuset de mon sang. Alors, déconcertée, et soumise à la fois, elle ôte, lentement en expires d'adieu aux dentelles d'oubli, la mante grise de mes tourments encore tout embuée de larmes enténébrées suspendues dans l’azur, qui résistent encore en ultime gagure, à se dissiper bien, mais contrainte à présent, par un puissant zéphir d'espérance nouvelle, à l'utime abandon de sa mélancolie pour s'apparier, enfin, aux cieux amarantins d'une aurore qui luit, où abdique mon drame aux bien trop sombres gammes, lors celles de l’astre roi, ce brasier séculaire de toute vie sur terre, s'affirme victorieux de ma douleur nuitale intrinsèque bourrelle de mon âme blessée, qui enfin capitule, s’estompe de ma vue, effrontément vaincue par ses flammes naissantes surgissant d'un éther aux ferveurs ingénues d’une arrière-saison semée de roux et d’ors, qui l’absorbent alors en cosmiques fusions aux résonances rares, apurant la vision de mon regard conquis, et choyant mes pensées qui s’envolent aux nues d’un temps sans retenues qui s’éveille aujourd’hui en habits de lumières aux horizons si clairs, où mon Désir afflue en prégnantes prestances d'astrales concupiscences aux sens absolus.

 

Son gazon, « Mon gazon ! », tout irisé encore de fraîches gouttelettes en sursis bien précaire, scintille comme diamant d’un jour éblouissant, et se gave sans fard de cette fulgurance matutinale bientôt gorgée de tant de vies grouillantes aux puissants appétits, et si troublante amante des réveils feux de mes envies. Une brise légère promène son entrain sous frondaisons profondes et encore sommeillantes, nimbées d’un doux mystère qui prodigue à leurs fûts, plusieurs fois centenaires, à leurs nobles ramures, tout comme aux baliveaux encore bien immatures qui envient leur allure, de sensuelles caresses dont ils sont les dévots ; leurs feuilles canoniques, et déjà nostalgiques d’un été déclinant, frissonnent tendrement sous ses jeux licencieux en chatoiements gourmands aux délicats pastels de flamboyances rares.

 

Cette aube de clarté, reviviscence folle, en symbiose complice chasse ce voile funeste qui me rongeait le cœur ; et mes yeux, à Phébus vainqueur offrent ma délivrance. Car hier, mon regard n’était plus... Que pâle cécité. Or, en ces heures bénies d’une aurore feutrée, il sait s’y affranchir de frustrations rebelles, aux guipures charnelles, et ne boit en l’éther de cette aube nouvelle aux effluves de bois et de terre mouillée, que fragrances d’espoir à mon Désir mêlées. Un parfum de bonheur, en ce petit matin, rit pour m’accompagner.

 

Alors... Confiant aux orties mes si lourds pas d’Amour d’une veille abolie qui me fut ennemie, et fort douloureuse, j’invite aux primes heures de cette délivrance aux dentelles heureuses, mes pieds à se chausser de souliers neufs ; et mon être apaisé, enfin rasséréné qui hors son drame éclôt, à partir en voyage pour l’incertain destin de mon ressourcement baigné en autres eaux aux amoureux ramages, peut-être pas moins sages mais toujours imprégnées, tant tu m’as habité, « Toi », des éclats de ton charme et de ta volupté, qui m’auront tant ouvert à ma vraie liberté. Et j'entrevois déjà quelques lueurs joyeuses ; brilleront-elles amies de destinées heureuses, belles aventurières nimbées de doux mystères qui frémissent déjà, là-bas, sur sybilines sentes de « Muses » qui s’apprêtent, en sous-bois avenants et ignorés de moi encore convalescent qui vais les arpenter, à m'accueillir amant défrichant leurs allées et mâle découvreur un peu privilégié de leurs clairières ajourées, en ce parc en éveil à qui j’ouvre mon cœur délié de ses douleurs, pour qu’il offre des ailes à mes félicités, mais plus encore aux leurs pour hèler cet ailleurs à l'Amour partagé, que je vais rencontrer lorsqu'en sonnera l'heure... Celle de « Te » rencontrer, « Femme » de mes pensées.



06/11/2021
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