LORSQUE TU… VIS !
LORSQUE TU… VIS !
J’ai changé de peau tant de fois,
Tant de fois j’ai souffert,
Tant de fois le contraire…
L’homme est ainsi fait,
Il change de peau quand passe la saison.
À quelle saison suis-je ?
Troisième millénaire, balbutiements du siècle,
Et moi, voyageur égaré des années dix-huit cent,
Badaud songeur du moderne univers,
Je sens ma peau craquer
À l’aube d’une autre ère.
Hier, c’était l’enfance protégée,
Entravée cependant de ses mille contraintes,
Marquée du sceau d’une morale sainte
Écrasée de principes surannés.
Puis vint, déjà blessée, la jeunesse insouciante.
Elle s’épanouit mal, incertaine et frustrée,
Soumise aux interdits mesquins et récurrents.
Mais son bonheur brillait, comme brille l’aurore.
L’âge d’homme m’agrippa, pétrit comme valet.
Il fallait obéir, sans forcer le regard,
Souvent courber l’échine, en manque de pouvoir.
Ainsi, tout doucement, trop doucement sans doute,
Se forgeait l’homme mûr, bravant les interdits,
Bousculant les acquis, s’affirmant sur sa route.
Or aujourd’hui, nouvelle mue, que sera-t-elle,
Avant le vieil homme sage
Qu’on laissera pour compte ?
J’ai appris à lutter, à gagner et à rompre,
Accueillant comme telle la saveur de mes jours,
Aussi leurs amertumes,
Apprenant à admettre.
Mais, j’ai surtout appris que notre liberté
Vivait du prix qu’on voulait l’estimer !
J’ai vécu librement, sans bassesses,
Humble, mais fièrement, construisant l’avenir,
Sans m’aliéner jamais, pour ne jamais subir.
J’ai appris l’amitié, qui a nourri mon cœur,
J’ai appris que donner rendait l’homme meilleur.
J’ai appris à aimer, d’amour et de tendresse,
À partager ma vie, oubliant mes aigreurs.
J’ai assumé ma charge, simplement, sans faiblesse.
Alors, aujourd’hui, qu’apprendrais-je donc de plus ?
Prends du recul jeunot
Me susurre à l’oreille, l’ange qui me protège.
Quitte ta chrysalide !
Apprécie les nuances,
Tant elles t’ont échappé
En tes autres existences.
Laisse les ambitions de pouvoir aux gamins,
Dans quelques décennies, à leurs tours, perplexes,
Ils sauront te rejoindre, enfin le cœur serein.
Leurs angles vifs et arrogants
Seront polis comme les tiens.
Alors profite, ressource-toi,
Il est venu le temps de l’Être !
Allez, debout garçon, suis-moi.
Laisse là tes vieux oripeaux,
Jouis ! Et ne te prive pas
De sensations redécouvertes,
Dégustée, amplifiées, nourricières.
Avance, avance encore,
Sans regarder derrière.
Tout en toi s’accomplit,
Lorsque… TU VIS !
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